EVA

Adoniada

Mayya Sanbar/Antoine Sarazin/Yuriy Zavalnyouk/Jean Galmiche/Alexandre Du Closel/Baptiste Thiébault

   Explicitement inspiré par ces compositeurs qui choisirent la poésie comme miroir de leur recherche musicale, à l’instar de Pierre Boulez, Arnold Schoenberg ou Heinz Holliger avec René Char, Albert Giraud et Paul Celan, EVA fait le choix de concentrer son travail en saisissant Adoniada, dernier recueil de l’iconoclaste poète syrien Adonis. Le texte, immense et sublime suite de chants cosmopolites, aux enjeux spirituelles et politiques incandescents, offre au groupe l’occasion d’approfondir le rapport entre langage et musique dans l’improvisation, en resserrant ses contours grâce à l’incorporation d’une profondeur polysémique.

          Adonis aime à présenter son Adoniada comme une autobiographie intellectuelle et poétique. Puisant dans une tradition arabe pré-islamique, il utilise la poésie dans une visée humaniste de tolérance et d’ouverture, sans jamais perdre le sens d’un lyrisme inspiré. Adoniada est tout à la fois une épopée qui raconte l’histoire mythique de la divinité du renouveau, Adonis, à qui le poète a emprunté son nom, et un témoignage bouleversant sur notre modernité. Beyrouth, Damas, Londres, Erevan, Shanghai, New York, Éphèse, Paris, autant d’étapes d’un voyage intérieur. Artaud, Baudelaire, Rilke : Rimbaud, Orphée, al-Mutanabbî, Confucius, Homère, Dante : autant de guides pour une descente dans l’enfer d’un monde dévasté et pour une élévation vers un rêve de lumière.

 

 

            Adoniada sera la matière première d’une pièce fleuve mi composée mi improvisée, que le groupe déclinera en une suite de comportements vocaux - déclamation, chants, polyphonies polyglottes.. - et instrumentaux. Sans linéarité préétablie, la modification du texte en temps réel, puis sa redistribution dans la masse sonore donneront un éclairage différent à chaque représentation. Il s’agit ici, pour reprendre Schoenberg, de créer un "parallélisme qui se joue sur le plan supérieur” entre le texte et la musique, ce au travers de l’exercice de l’improvisation. Rejoint par la comédienne Mayya Sanbar, le désormais sextet plongera dans autant de chansons brûlantes d’une modernité saccagée que de textures spectrales aux dimensions vocales surnaturelles.


Antoine Sarrazin - Récitant

Yuriy Zavalknouk - Récitant

Mayya Sanbar - Récitante

Jean Galmiche - Guitare/Effets

Alexandre du Closel - Rhodes/Cithare préparée/No Input

Baptiste Thiébault - Percussions/Objets